Danse et dépression

27.02.23 10:48 PM Par Véroushka Eugène

Danse et dépression

Il est très répandu de parler d'évasion, quand on parle de la danse comme activité. Très vite, elle est recommandée aux personnes souffrant de mal-être passager ou d'anxiété. Ici, je ne parlerai pas de cet état passager, mais de celui dont on ne comprend pas l'origine, et qui nous met à terre, nous fait sentir lourds et incapables. Que dire quand la danse elle-même est source d'anxiété?

 

Le regard des autres, l'auto-jugement, les difficultés mécaniques d'exécution... sont parmi les facteurs qui peuvent empêcher de profiter des bienfaits de la danse. Quand les objectifs fixés pour le cours sont de s'améliorer, de repousser ses limites, de se donner à fond, etc, nous allons tout droit vers l'échec. Vers un trou noir beaucoup plus grand. Voici quelques conseils tirés de mon expérience personnelle, pour vous permettre d'utiliser la danse comme outil de guérison et de soin personnel.

 

Attention: si vous avez un diagnostic médical et que des médicaments vous ont été prescrits, ces conseils ne se substituent en aucun cas au traitement recommandé par votre médecin.

 

1- Choisissez un style de danse qui vous inspire

Faire plaisir à ses sens, les réveiller, est selon moi primordial. Choisissez donc de danser le style qui vous vient le plus naturellement, la musique qui vous touche le plus. Ce n'est pas le moment d'aller se lancer des défis! Place au plaisir et à la douceur sans artifices.

 

2- Sondez-vous

Vous êtes le maître de vous-même. En cette qualité, vous seul êtes capable de mesurer l'ampleur de votre mal-être. Cet exercice vous permettra de répondre sincèrement à la question suivante : puis-je travailler seul.e ou est-il préférable de me laisser guider par un.e enseignant.e, cette fois-ci? Cette question est importante, car notre réflexe est souvent de nous isoler. Toutefois, certains malaises se soignent mieux au contact d'énergies autres que la nôtre. Ces énergies peuvent nous permettre, en effet, de faire le tri de nos propres émotions et de recueillir de nouvelles informations sur nous-mêmes. Dans tous les cas, elles nous apportent un apprentissage important. C'est pourquoi bien sonder son mal-être est important pour savoir si on est prêt à "recevoir" ou si nous sommes encore trop fragiles. Plus on fait cet exercice, plus précis sont nos ressentis, et moins de temps il nous prend à l'avenir.

 

3- Choisissez un studio où vous ne connaissez pas grand monde

Si vous décidez que vous êtes prêt à recevoir, passez par cette étape. Ici, ce n'est pas une question de sortir de sa zone de confort, mais surtout de limiter les distractions ou interactions "routinières" avec l'extérieur. Ces dernières nous forcent à continuer à porter un masque, à prendre sur soi alors qu'on est vide. Il est important de pouvoir profiter d'un silence intérieur. Ce dernier est en opposition au bruit de notre mental constitué d'attentes, de doutes, de la pression de performance et de l'impression d'être jugé par les autres. Lorsque ce n'est pas votre cercle habituel, vous pouvez vous permettre de vivre votre état sans avoir à vous justifier, entre autres avantages.

 

Je le sais, ce texte est lourd. C'est normal, car la dépression l'est aussi. C'est important pour moi de partager ma vérité sur ce sujet et d'aider au moins une personne, si je le peux.

 

Revenons à nos moutons :)

 

4- ÉCOUTEZ

Que vous décidiez de danser seul.e ou dans un espace partagé (cours de danse de groupe), il est important que vous profitiez du moment pour ÉCOUTER. Écouter ce que votre corps vous dit. Nous ne nous en rendons pas tous compte, mais le corps est le lien le plus immédiat que nous ayons avec nos émotions. Si vous ressentez de la douleur, ne forcez pas, respectez sa capacité du moment. S'il est lourd, acceptez-le comme il est, prenez cette information. Par exemple, un corps difficile à déplacer peut vouloir dire que vous vous en mettez trop. Que vous avez besoin de recul, de plus de légèreté. Bougez en conscience pour noter et accepter vos observations.

 

5- Acceptez 

Se rendre compte de son mal-être est la première étape, certes. Toutefois, notre deuxième étape consiste souvent à tâcher de faire disparaître cet état. Or, vous le savez comme moi, si vous l'avez déjà vécu : ce n'est que partie remise. C'est pourquoi il est important d'accepter que cet état est bien là, que c'est difficile, mais que c'est notre réalité du moment. En acceptant au lieu de lutter, on accepte de VOIR avec nos sens ce qui doit être adressé. Il s'agit souvent d'anciennes blessures rouvertes. En ce qui me concerne, cela peut être lié à un événement passé qui m'est revenu en mémoire et dont je revis inconsciemment les émotions; à une parole dite par une personne, il y a quelques instants; à un sommeil trop agité qui ne m'a pas permis de me reposer; à une image vue sur Instagram; à une procrastination allongée dont je me sens coupable... Ça peut être n'importe quoi comme déclencheur. Plus tôt j'accepte mon état, plus tôt j'en trouve la source. Ensuite, il s'agit de prendre soin de soi.

 

 

6- Profitez de l'instant présent

Observez-vous, observez autour de vous. Arrêtez quand vous le sentez, prenez des pauses. Écoutez vos pensées sans les juger. Restez ouvert et acceptez tout ce qui vient. En un mot : lâcher-prise.

 

7- Pour finir

Notez tous les faits de la journée et tout ce que vous avez ressenti, vécu, pensé. Laissez courir le crayon ou la plume (c'est meilleur que par ordinateur!) et n'analysez rien. Notez simplement une ligne à la fois ce qui vous vient. Une fois le tout noté, il se pourrait que des analyses vous viennent. Notez-les également, car cela apaise votre mental. Ensuite, dormez :)

 

À bientôt!

 

Véroushka Eugène

27 février 2023

 

PS : Ce texte a été écrit en octobre 2019. Je l'ai commencé à ce moment-là, mais je n'ai jamais pu le finir. Près de 4 ans plus tard, je le termine enfin. Je comprends qu'à l'époque où je l'avais écrit, étant donné que j'étais en plein dans une dépression, je n'avais pas encore acquis toutes ces astuces. Le terminer aujourd'hui me permet de prendre conscience du chemin parcouru et de la raison pour laquelle je peux aujourd'hui proposer des ateliers de Healing par la danse. Bravo à moi! Fière de toi, Véroushka :)